Sans doute y a-t-il une certaine forme de logique à ce que P.H.O.B.O.S, projet d'évidence très influencé par Godflesh, se mette aujourd'hui à montrer d'évidentes ressemblances avec Blut aus Nord. La parenté était même tellement latente que la chose de Monsieur Sacri avait un temps été hébergée sur le très select et très obscur Appease Me. Mais sans doute également y a-t-il une forme certaine de logique à ce que P.H.O.B.O.S, faux Godflesh-like trompeur, dont la personnalité acide, aride et malfaisante a toujours été bien trempée, quoique sournoisement, et en bon fils de Godflesh, lesquels les plus souvent sont mieux avisés que de simplement cloner papa, tout comme les descendants de Killing Joke (logique toujours aussi implacable) - logique, disions nous, que P.HO.B.O.S continue à développer sa propre malignité bien à lui, à suivre son propre sillon de ténèbres. Atonal Hypermnesia clabaude en effet quelque part entre les mugissements à pâte molle de The Work which Transforms God et le mech-hop vivisecteur de Desanctification, sauf que si ce dernier est sans doute magnifique voire un peu trop magnifique, Atonal Hypermnesia lui a juste la magnificence de la Boue, doublée d'une lubricité cthulhuïte à couper le souffle ; les guitares meuglent et barrissent à qui mieux-mieux la petite symphonie des horreurs moelleuses, à en fiche des nausées de révulsion pure même à un reptile ; et même lorsqu'au mitan du disque le monumentalisme religieux à base d'acide terrifique commence de se faire plus explicitement menaçant, et peu à peu dévorer tout le champ de la réalité, il prend des traits, si j'ose dire, bien plus impies et innommables que chez Vindsval et ses étoiles ; on est au fond ici de l'antre de ce que chastement les mythes tels que Baphomet ou la théorie des trous noirs recouvrent de plus hideux dans le fonctionnement du transit digestif de l'univers, et ses effondrements autophages sur eux-mêmes. Et les guitares de vagir de plus belle, la boîte à rythmes d’ânonner avec rigidité sa danse du ventre d'obèse cataleptique, et les étoiles de se changer encore un peu plus en barbe-à-papa dans un ciel de limon.
Tout à fait personnellement, ce que Desanctification me laisse fantasmer sans me l'offrir, Atonal Hypermnesia me l'ouvre avec la plus divine des largesses, en toute saleté, entre adultes consentants. Unholy, comme ils disent.

 

- Gulo Gulo / may 2012

http://www.slowend.com/c/?d=1416

 

 

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