A l'écoute de "Pyrocene Antibodies" qui ouvre ce sixième album de P.H.O.B.O.S. (si on inclut leur split album de 2014 avec Blut Aus Nord, Triunity), on comprends comment Frédéric Sacri, fondateur et principal artisan du projet depuis ses origines, et son comparse Mani Ann-Sitar, qui l'a rejoint en 2016, ont appris à distiller le venin sonore qui leur sert de carburant. A l'évidence, Skinny Pupy et Front Line Assembly ont étayé leurs fondations musicales et cela se ressent sur le démarrage de ce Bleaker Beater. Moins axé black metal industriel que son prédécesseur, Phlogiston Catharsis, l'album ouvre de grandes brèches atmosphériques et électroniques lourdes qui évoqueraient une sorte de croisement des univers de Dälek et Future Sound Of London. Dans un premier temps, les effets de distortion et de pulsations se font rêches et pesants. L'aplatissant "Haemophiliac Stomp" explore des mécaniques technoïdes codéinées, en mode décor sci-fi malingre. Le dub ascétique de "Basalt Ganglia" emprunte des vibrations quasiment robotiques - voix à l'appui - pour liquéfier les conduits auditifs en mode Kevin Martin bougon. La dépression nous guette presque (le cotonneux et vrombissant "Hyperkalem Pathogens") quand les inflexions rythmiques regagnent subrepticement en dynamique. "Procollapsolog" et "Solve Et Coagula" augmentent progressivement la tension ouvertement doom/dubstep à l'oeuvre en appuyant sur les infrabasses et la dimension hypnotique. Les fractales techno/hardcore font parler leurs ondes de choc sur le rugueux "Granulahar Toxin". Puis "Beta Blocker", où les ombres vocales death/indus atteignent leur paroxysme, porte l'estocade en piétinant les plates-bandes rhythmic noise du label Hands. Dystopique, mais dansant.

 

- Laurent Catala / jan. 2022 (8,5/10)

 

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