En général, quand un groupe cite comme réferences Godflesh, Neurosis (et accessoirement Voivod, je dis accessoirement parce que je ne connais pas), deux sentiments me titillent: le premier, c'est une lueur d'intérêt vivace qui s'installe au fond de mes yeux. Le second, presque immédiatement consécutif, c'est un sentiment de méfiance, d'appréhension et de doute mal placé. En l'occurence, avant de me procurer cet album, j'en avais déjà receuilli quelques echos très favorables. Bon. Signe encourageant. Mais je dois bien dire que c'est surtout la réference à Godflesh, incurable fan que je suis, qui m'a poussé à jetter une oreille sur les mp3 proposés sur le site. Et franchement, j'ai pas mis deux secondes (...enfin si quand même mais c'est histoire de dire) avant de me décider. Phobos, c'est vraiment du Godflesh à la sauce doom. Du metal indus lent, crade, sale et rappeux comme une dalle de béton. Des ambiances suffocantes, limite post apocalyptique, plombantes. Avec Tectonics, vous plongez tout droit dans un univers urbain dévasté, d'où l'homme a quasiment disparu, réfugié sous les vestiges d'une civilisation prétentieuse et trop sûr d'elle même. "Tectonics", c'est sans doute parce que ce cd donne le sentiment qu'une entité mi-mécanique, mi-organique s'est réveillée pour deverser sur le monde son flot sonore de lave visqueuse et fumante. Là où Godflesh et Neurosis laissent parfois un temps de repos, Phobos décide d'enfoncer le clou... ou plutôt les clous, mais aussi les visses, les piques, les brochettes, les cure-dents, en bref tout ce qu'il peut trouver de piquant et de douloureux. Les râles saturés et haineux d'une âme prisionnière à jamais d'une machine déreglée et maudite, des larsens stressant de grattes monocordiques, des sons de basses assourdissants et des rythmiques toutes droit sorties des usines à tracteur de Stalingrad en temps de guerre: la recette de Phobos est éprouvée, mais également terriblement novatrice. Ce côté asphyxiant et cette sensation de constamment se retrouver sur un tapis roulant qui défile entre un nombre indéfini de machines-outils dont le seul objectif est de réduire un peu plus à chaque fois la surface de votre corps constituent la marque de fabrique de ce "Tectonics", qui devrait ravir les doomsters ouvert sur les musiques industrielles. Et je sais qu'il y en a un paquet.

- Sinical / oct. 2005

 

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